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Le blog de Thibault, militant socialiste

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20 juillet 2007

La gauche du renoncement est en marche

Puisque l’heure était dernièrement aux déclarations, contre-déclarations, réactions, réponses etc… à la participation possible de Jack Lang à une commission sur la rénovation des institutions (et puisque le moment est également propice aux discours renouvellementesques qui relèvent souvent plus de jeunisme qu’autre chose), observons ce que nous a dit le week-end dernier Manuel Valls, archétype de cette gauche qui érige le renoncement en modèle, la résignation en mode de vie et le suivisme électoral comme boussole quasi-intangible (à ce sujet j’avais écris ce post il y a quelque temps). Pas besoin d’avoir plus de soixante ans pour faire partie de l’ancienne génération, celle qui a mes yeux semble avoir renoncé définitivement à changer les choses en profondeur. Bref, revenons-en à ce que nous dit notre cher député que j’adore :

"Jack Lang a été d'une loyauté exemplaire ces derniers mois. Il réfléchit par ailleurs beaucoup depuis longtemps sur la question des institutions" (…). La loi fondamentale, la Constitution, ce qui fait fonctionner une démocratie, ça devrait dépasser tous les clivages politiques. (…) Je me réjouis que Nicolas Sarkozy mette en place cette commission au début (de son) mandat. (…) Que cette commission travaille. J'espère qu'elle sera audacieuse (...) et ensuite l'Assemblée nationale et le Sénat devront changer la Constitution".

Effectivement, Jack Lang réfléchit beaucoup sur les institutions. Il y a même tellement réfléchi qu’il en est devenu le seul à défendre une présidentialisation accrue du régime. Et Arnaud Montebourg par exemple, s’il faut citer des noms de personnes qui ont beaucoup réfléchi à la question ? Ah non ça compte pas, ça rentre pas dans les petits plans à Sarko sur la mise en place d’un régime primo-ministériel avec des pouvoirs parlementaires réellement accrus. Mais au delà de ça, puisque tu soulignes cher Manuel que cette réforme devrait transcender les clivages politiques, pourquoi Sarkozy n’a pas demandé au PS de désigner un représentant ? Pourquoi devrions-nous lui laisser le soin de désigner lui-même les personnes qui sont d’accord avec lui en prétendant qu’il s’agit d’ouverture ? Pourquoi cette discussion et l’organisation de cette commission n’ont elle pas lieu dans le cadre de l’Assemblée Nationale, lieu pourtant le plus propice à de tels débats ?

Oui, il était temps de rappeler un certain nombre de choses. Que ce n’est pas parce qu’une commission soi-disant « ouverte » se met en place qu’elle ne doit pas faire l’objet de critiques de notre part quant au leurre qu’elle représente. C’est justement parce qu’un tel débat est important qu’il était nécessaire de rappeler que l’ensemble des partis auraient dus être consultés et pouvoir choisir leurs représentants, dans ce souci justement de dépasser les clivages politiques, qu’il était important de souligner que de tels débats ne peuvent avoir lieu sur un coin de table, mais bel et bien au grand jour sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Et quand Jack Lang évoque l’idée de participer à cette commission sans même émettre la moindre réserve quant à son fonctionnement, eh bien oui cela est réellement problématique pour la famille socialiste.

Et face à tout cela que trouve à dire Manuel Valls ? Qu’il est content que cette commission soit mise en place, qu’on fait un mauvais procès à Jack Lang, et qu’on est sectaires ! Mais c’est hallucinant tout ça, on a plus le droit d’émettre des critiques tout à fait légitimes sans recevoir des coups de notre propre camp ? C’est ça la « modernité », le « dépoussiérage » ? Super… Et allons même plus loin : j’entends beaucoup Valls nous donner des leçons de critique constructive, nous dire de ne pas diaboliser Sarkozy, selon lui ce serait la voie à suivre pour s’opposer efficacement. Certes. Mais a-t-on entendu depuis 1 mois ne serait-ce qu’UNE seule critique de sa part envers la politique gouvernementale ? Pas moi, en tous cas. C’est sans doute ça, la nouvelle opposition : dire tout le bien qu’on pense de la politique de Sarko sous prétexte de ne pas le diaboliser, parce que sinon on est sectaires. Ce qui est bien en tenant ce discours, c’est qu’on renforce l’idée que nous le sommes réellement à la moindre réaction négative de notre part. Que la droite nous nie le droit de nous opposer à sa politique, c’est de bonne guerre, mais que ce soit des socialistes qui prétendent être les fers de lance de la rénovation, c’est tout simplement écoeurant.

Après l’instauration de la loi de l’offre et de la demande en politique, Manuel Valls invente la gauche béni-oui-oui, qui s’oppose pas trop parce que ça fait pas classe, et qui propose des trucs un peu de gauche un peu de droite parce que ça plaît au gens. Avec ça, on est bien avancés.

Edit : Olivier Duhamel parle aujourd’hui de sectarisme à l’égard du PS, au nom du dépassement des clivages politiques. Encore une fois, en choisissant Jack Lang ou Olivier Duhamel, Sarkozy ne fait pas preuve d’ouverture, il prend simplement des personnes estampillées (le mot convient bien je trouve) « de gauche » et qui sont presque les seules à être en accord avec sa conception des institutions. Facile non ? Habile, en tous cas.

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3 juillet 2007

Contribution au débat

Ci-dessous un texte de la section J.B Clément de Paris paru dans Le Monde. N'ayant pas trop le temps d'écrire en ce moment, je laisse à disposition des articles qui me semblent intéressants dans la perspective de refondation de la gauche et de réflexion idéologique qui doit être la nôtre aujourd'hui. Sans adhérer entièrement à l'intégralité de l'article (quoique), plusieurs points me semblent dignes d'intérêt dans ce texte, qui a le mérite de lancer un certain nombre de débats.

D'ailleurs petite parenthèse : quand je trouve ce genre de texte, quand je lis certaines interv du CN qui portent de vraies idées, l'attitude stérile de certains qui consiste à gueuler sur tout ce qui bouge (ou ne bouge pas) sans défendre aucune proposition de fond parallèlement me désole. Alors faute de pouvoir aborder les vraies questions qui fâchent (sur le plan idéologique, pas stratégique), autant valoriser ceux qui se bougent les neurones... c'est le sens du copier-coller qui suit.

P.S. : et franchement, ça fait tellement plaisir de lire autre chose que "faut qu'on entre dans la modernité", "il faut construire le socialisme du 21ème siècle", "il faut sortir des dogmes", phrases-types très creuses qui ne veulent strictement rien dire en tant que telles et qui commencent à me fatiguer.

Point de vue - Le Monde du 2 juillet 2007

Pour un socialisme contemporain

Les militants socialistes doivent participer activement au diagnostic de la crise du Parti socialiste. Cette analyse ne peut reposer exclusivement sur des représentants les plus médiatisés, dont les avenirs personnels dépendent de l'issue de ce débat. Nous voulons que puisse émerger, par de nouvelles pratiques institutionnelles et intellectuelles, la redéfinition d'un socialisme contemporain prêt à convaincre et à gouverner. Il nous paraît à cet égard décisif de faire entendre la voix de militants, non professionnels de la politique, citoyens engagés à gauche.

Le PS aujourd'hui est sujet à un double décalage : entre le parti et la société française, entre l'appareil du parti et ses militants. En entretenant un rapport timoré avec son histoire et ses historiens, en délaissant le travail régulier avec les acteurs de la société civile, les chercheurs et les intellectuels, le PS s'est privé de leurs analyses. En confiant sa réflexion à un petit réseau de plumes issues des mêmes parcours professionnels et des mêmes écoles, le PS n'exploite pas la richesse de son potentiel militant et gâche l'intelligence qui existe en son sein. Il l'empêche de devenir collective.

En détournant au profit des rapports de force numériques entre ses grandes personnalités l'objectif premier de ses congrès, qui devaient arbitrer sur son orientation politique collective, le PS a fini par ridiculiser ses résolutions d'orientation programmatiques. Par effet de porosité, les règles collectives de fonctionnement du PS se sont également délitées. A force de laisser dire "je" au lieu de "nous", le Parti socialiste a du mal à incarner l'alternative crédible à une société d'individualismes et d'intérêts stratifiés. C'est ce système que tente de casser la méthode participative initiée pendant la campagne présidentielle et que nous souhaitons voir prolongée. La dynamique d'ouverture et de renouvellement initiée par l'adhésion de nouveaux militants doit être amplifiée.

La campagne présidentielle a vu triompher une double crise de la conscience historique et de la conscience politique. La référence à Jean Jaurès, au général de Gaulle, à la "valeur travail", ont circulé comme autant de lieux communs entre tous les partis, rendant illisible le clivage droite-gauche. La mise en scène par la droite d'un gouvernement d'ouverture et les appels de certains socialistes et Verts à évoluer structurellement vers le centre auraient pu l'effacer pour longtemps. De légitimes alliances électorales ne doivent pas conduire à des renoncements idéologiques précipités. En réaffirmant leurs propres valeurs, les socialistes poseront la première pierre de la redéfinition du socialisme contemporain.

Les citoyens ne demandent plus à la politique un avenir radieux. Ils veulent être en mesure, grâce à l'action politique, de déplacer les contraintes qui pèsent concrètement sur leur vie, de comprendre ce qui conditionne les décisions politiques locales et internationales, présentes et à venir.

Pour que le désir de politique puisse perdurer, il faut que chacun sache où réside aujourd'hui sa puissance politique. Quand réside-t-elle encore dans l'Etat traditionnel ? Quand relève-t-elle de processus de coopération entre Etats ? Comment cette coopération est-elle régulée ? Comment la faire progresser ? Face à quelles puissances le citoyen est-il vraiment impuissant ?

Si le travail politique dans des partis n'exclut pas la constitution d'espaces publics de débats et d'action dans des associations, tous ces engagements disséminés s'accompagnent du sentiment diffus de l'impuissance face aux puissances financières et bancaires de la "global politique". L'incertitude domine, et le rapport au futur est davantage régi par la précaution que par l'espérance.

Cela résulte en grande partie de la confusion entretenue entre une politique qui vise le bien commun et une politique qui gère le vivant sans le protéger au-delà de la survie. A une politique de la peur qui vise la servitude volontaire, le recours à un sauveur, il faut opposer une politique de consolidations réciproques, des espaces publics de solidarité qui supposent des individus singuliers et libres.

Si la question économique est au centre du projet socialiste, force est de constater que sa formulation ne va plus de soi. Il nous faut moderniser notre discours à l'égard des entreprises. Recouvrant des réalités diverses, elles sont des acteurs économiques et sociaux incontournables. Nous devons à la fois élaborer des contextes favorables à la création de richesse et promouvoir la défense les droits des salariés, ainsi que la reconnaissance, la valeur et la rétribution de leur travail. Plus généralement, nous devons nous émanciper de la tyrannie du court terme, celle qui découle d'une rationalité de rendement qui privilégie les avantages immédiats et épuise les ressources, au détriment d'une rationalité soucieuse de l'avenir. Cela demande la réhabilitation de la notion de bien commun et l'appropriation collective et démocratique des fondements du monde commun que sont, notamment, l'éducation, la santé, la culture et la défense de l'environnement.

La responsabilité historique des socialistes, sur la base d'une critique intelligente de l'économie mondialisée, est de répondre aux problèmes posés par les formes contemporaines de la pauvreté et de la misère, sans renoncer à en traquer les causes. En appeler au "progrès", fût-il "pour tous" et "dans le respect de chacun", ne saurait suffire ! Il faut esquisser des alternatives crédibles à l'hégémonie du capitalisme financier et spéculatif.

Nous sommes aux prises avec plusieurs difficultés : le chômage de masse, la pression à la baisse exercée sur les salaires, la précarisation des statuts mais aussi la modification profonde et durable du rapport quantitatif entre actifs et inactifs - étudiants, retraités - au profit de ces derniers.

L'élaboration d'un discours de gauche ne peut esquiver ces questions et implique de réfléchir à la place du travail au sein de la société, aux formes nouvelles que prend l'exploitation. Pour un très grand nombre, le salariat s'est aujourd'hui transformé en "précariat", de sorte qu'il ne suffit souvent pas de travailler pour gagner de quoi vivre. L'horizon d'une ascension par le travail devient de plus en plus incertain. L'identité des classes moyennes en est bouleversée, ce qui les rend de plus en plus sensibles aux discours qui mettent en avant des perspectives individuelles d'enrichissement et stigmatisent l'assistanat. Elles se sentent et sont les laissées-pour-compte des préoccupations de la gauche.

La lutte pour défendre les rémunérations n'est pas séparable d'une lutte pour la reconnaissance de la valeur des individus, de leurs compétences, de leurs savoir-faire, au sein des entreprises comme des administrations publiques. La disparité des conditions de travail aggrave les discriminations et les inégalités, alors que les hiérarchies de patrimoine viennent renforcer les hiérarchies salariales.

Le transfert de pans entiers de la Sécurité sociale vers une gestion assurantielle ou caritative du malheur comporte un risque triple : affaiblissement généralisé des niveaux de protection, creusement des inégalités, retour insidieux d'un paternalisme qui ne dit pas son nom. Le modèle protecteur et redistributif de l'Etat-providence élaboré pour une société industrielle en forte croissance a sans doute vécu. C'est parce que la définition des droits sociaux appartient depuis Jaurès au socialisme français qu'elle doit faire l'objet d'une réactualisation en profondeur. Collectivement, en travaillant, en réfléchissant, rendons le socialisme contemporain aux yeux de nos contemporains !


Section  J.-B. Clément, parti socialiste, Paris, 18 e arrondissement. Ce texte a été élaboré par une trentaine de militants appartenant à tous les courants du PS. Il a été adopté en assemblée générale par la section Jean-Baptiste Clément (l'une des trois sections du 18e arrondissement de Paris). Bertrand Delanoë en est membre, mais le maire de Paris n'a pas participé à l'élaboration de ce texte.

26 juin 2007

Pendant ce temps là...

Pendant le dernier CN, il n'y a pas eu que des réglements de comptes. Je laisse ci-dessous l'intervention de Liem Hoang Ngoc, économiste et membre du NPS : puisque tout le monde se fout de ce genre d'interv, que ce soient l'absente de marque au CN ou certains autres présents qui étaient plus dans le registre de l'invective anti-ségo ou anti-anti-ségo que de la construction, je pense qu'il est utile de mettre au débat ce genre de prises de position. Parce que le meilleur moyen de respecter les militants, loin des querelles de personnes qui animent le PS en ce moment, est de construire par des propositions de fond le visage du socialisme de demain.

Edit: L'intégralité des interventions du CN viennent d'être mise en ligne sur le site du PS. Après en avoir parcouru quelques unes, pas de surprises, je me trouve plutôt en accord avec celles que j'apprécie habituellement (oui on pouvait s'en douter dans le tas il y a celle de Benoit Hamon, mais c'est pas parce que c'est Benoit, c'est juste qu'objectivement c'est sans doute une des interv les plus pertinentes de ce CN).

Intervention de Liem Hoang Ngoc, Conseil National du 23 juin 2007

"Les meilleurs d’entre nous l’ont dit. Il faudra refonder notre parti. Je laisse aux réparateurs de logiciels le soin de réformer l’économie virtuelle. C’est dans l’économie réelle que se mène la bataille contre la droite et les intérêts qu’elle représente. Dans le monde réel, c’est d’une boussole, dont tous ceux qui sont désorientés ont besoin. Voici quelques-unes des pistes qu’elle pourrait indiquer.

Tout d’abord, il n’est pas nécessaire de réconcilier les travailleurs avec l’entreprise. Ce sont les entreprises qu’il faut réconcilier avec les Français ! Je veux évidemment parler des entreprises qui réalisent du profit en délocalisant ! Des entreprises qui réalisent du profit sans investir, surtout pas dans les secteurs innovants, jugés insuffisamment rentables ! Des entreprises qui réalisent du profit au bénéfice des nouveaux rentiers !

Réconcilier l’entreprise avec ses travailleurs signifie que les travailleurs français, qui sont parmi les plus productifs au monde, voient leurs efforts récompensés par des hausses de salaires et une réduction du temps de travail ! Telle est la version socialiste de la théorie de la valeur travail ! Cela commence par l’augmentation des bas salaires !

Lorsque les entreprises ne dépensent pas pour investir dans l’économie (et c’est le cas !), il est sain que l’Etat le fasse, faute de quoi nous plongerions plus encore dans le marasme économique et social ! Il n’y a à cet égard pas de problème de dette ! La dette ne pèse aucunement sur les générations futures ! Elle est financée à bas taux d’intérêt par l’abondante épargne des classes aisées qui raffolent des obligations d’Etat ! Il y a par contre un problème de gaspillage de la dette ! La droite a choisi de gâcher les marges de manœuvre budgétaires existantes dans d’inutiles cadeaux fiscaux dont les faces cachées s’appellent : franchise médicale, TVA anti-sociale, réduction de la moitié des effectifs des services publics sous couvert de réforme de l’Etat et autonomie des universités !

Au contraire, la gauche doit stimuler l’investissement public en matière d’innovation, développer les services publics, s’opposer à une nouvelle loi Devaquet et proposer une réforme fiscale progressiste !

On le sait, les dépenses sociales sont amenées à croître, malgré la maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Ce n’est pas un mal dans une économie en progrès ! La droite entend en privatiser le financement ! La gauche doit proposer son impôt citoyen progressif sur le revenu, fusionnant la CSG et l’impôt sur le revenu ! Elle doit revendiquer la création d’une nouvelle CSG entreprise assise sur la vraie valeur ajoutée, un impôt qui taxe les profits oisifs pour financer la sécurité sociale ! Tout cela n’a rien à voir avec le choix de la TVA, l’impôt le plus injuste, qui pèse sur la consommation ! Trop longtemps, au cours de cette campagne, nous avons esquivé le débat fiscal avec la droite ! La TVA sociale a déjà été expérimentée. C’était en 1995 sous Alain Juppé (les bordelais s’en sont souvenus), lorsque le taux de TVA fut relevé de deux points alors que la baisse du coût du travail montait en puissance dans le plan quinquennal pour l’emploi. La vie chère a poursuivi son chemin alors que la « baisse des charges » n’a pas créé plus de 200 000 emplois ! Les déficits, quant à eux se creusèrent inutilement.

La droite propose de lutter contre l’assistanat pour mieux détruire notre système de protection sociale ! Vieille ficelle ! Ce n’est pas de l’assistanat dont la gauche doit s’occuper ! La gauche ne doit pas lutter contre les chômeurs ! Elle doit lutter contre le chômage dont sont victimes les travailleurs licenciés et les jeunes sans perspectives de recrutement ! Elle doit se méfier d’une autre mode arborrée par la droite et qui porte une marque de fabrique danoise ! Attention aux modes ! Le modèle danois est bien moins récent que le modèle français. Il date de 1899. Il prévoit la liberté totale de licencier et inclut désormais une TVA sociale ! Ce que certains appellent la flexi-sécurité n’est pas un compromis gagnant-gagnant, mais risque d’être une compromission perdante-perdante. Perdante pour le CDI, remplacé par un contrat unique avec période d’essai à rallonge, comme le CNE, le CPE ou le contrat Première Chance ! Perdante pour les chômeurs, suspectés de refuser de se former et d’accepter les emplois précaires du marché ! Enfin, la gauche doit relancer le débat européen. Elle doit rejeter le mini traité qui est le meilleur moyen d’asseoir à l’insu des peuples un super-marché ! Un super-marché sans harmonisation fiscale ! Sans budget communautaire conséquent ! Sans contrôle démocratique de la Banque centrale ! Sans tarif extérieur commun !

Chers camarades,

La boussole socialiste a parfois indiqué d’étranges directions. Celles qui ont conduit sans complexe Eric Besson, Martin Hirsch, Jean-Pierre Jouyet et Jean-Marie Bockel là où ils sont. Il faut maintenant réparer notre boussole, cet instrument indispensable dans un désert idéologique. Prenons pour cela le temps nécessaire".

21 juin 2007

Deux désastres ou une refondation

Le prochain conseil national du PS a lieu samedi prochain. Déjà, les uns et les autres ont commencé à fourbir leurs armes, et devant les emballements un minimum de modération est je crois nécessaire.

Face à ceux qui veulent la peau du premier secrétaire ici et maintenant et mettre en place une direction collégiale le plus rapidement possible, je ne peux que m’étonner. D’abord parce ceux-là même qui incriminent aujourd’hui l’immobilisme d’hier (Valls, Gorce etc…) sont ceux qui se sont bien gardés d’engager un processus de rénovation du PS tant qu’il était encore temps en 2002. Facile de hurler avec les loups, camarades. Ensuite parce que derrière cette question de la direction du PS il faudrait être aveugle pour ne pas voir une volonté de poser rapidement la question du leadership, et donc l’intention d’installer Ségolène Royal le plus rapidement à la tête du PS : arrêtons deux secondes l’hypocrisie qui consiste à critiquer la direction pour mieux placer sa candidate préférée, tout en clamant haut et fort que c’est pour le bien de la refondation. Ceci dit je comprends très bien que les partisans de Royal fassent entendre leur voix, simplement on ne peut en aucun cas à mon sens poser la question du leader avant celle des idées, et c’est ce qui est en train de se passer.

Le premier désastre  est donc en train de surgir en ce moment : car ce n’est pas en allant le plus vite possible et en virant le plus tôt possible les gens qu’on n’aime pas qu’on pourra avancer sereinement. La refondation ne pourra se faire en 3 mois, et ceux qui proposent d’organiser un congrès dès l’automne prochain font preuve d’une irresponsabilité étonnante. Car quel est l’enjeu des premiers mois à venir ? Dans un premier temps nous poser, analyser, réfléchir, d’abord sur les raisons de notre défaite (et il faudra aller plus loin que le « y en a qu’étaient pas gentils »), ensuite sur notre ligne politique et idéologique. Qui peut croire un seul instant qu’avec un calendrier précipité et un congrès avancé qui verra une lutte de chefs avoir lieu, on pourra avoir ce débat qui nécessite de prendre du recul et de la distance par rapport aux querelles de personnes ?

J’en viens maintenant au second désastre, qui je pense a beaucoup moins de chances de se produire, mais qui est directement lié au premier. Ce serait que rien ne bouge, rien ne change. Comme en 2002. Comme souvent au parti socialiste d’ailleurs, malgré la bonne volonté de quelques uns qui ont depuis 5 ans tenté d’apporter des idées nouvelles. J’ai beaucoup de mal cependant à croire à ce scénario, pour deux raisons : d’abord parce que la rénovation et la refondation, contrairement à 2002 où elle était portée par le quasi-seul NPS dont je faisais partie, fait aujourd’hui consensus. Ensuite, et c’est la raison déterminante, c’est tout simplement parce que Ségolène Royal a décidé de déposer une motion au prochain congrès. Donc forcément, ça va changer, quoi qu’on en dise. C’est d’ailleurs ce qui me renforce dans l’idée que ceux qui veulent avancer très vite ne le souhaitent pas par souci d’être sûr de voir bouger les choses, mais bel et bien par stratégie pure. Car la situation n’est en rien comparable à celle de 2002, où tout le monde à la direction du PS avait intérêt à ce que rien ne change, alors que là c’est exactement l’inverse. Alors oui, au final je trouve… écoeurant, c’est le mot, de voir que certains veulent nous voir prendre le risque de nous précipiter, en disant « faut pas faire comme depuis 2002 » (ce qui par contre est vrai), alors que ce sont ceux-là mêmes qui n’ont rien fait par le passé pour faire bouger les choses. On a 5 ans de réflexion de retard, camarades, et ce n’est pas en voulant régler la question à la fois des idées et du leadership en 6 mois qu’on va y gagner quelque chose !

Ce sont ces deux écueils qu’il faut éviter. Nous avons je trouve une formidable capacité, une fois que nous nous sommes plantés, à réagir en adoptant une attitude à l’extrême opposé qui nous amènera à nous planter aussi. Pour mener le processus de refondation de la gauche, toutes les énergies seront nécessaires, y compris celles qui ne se sont pas développées dans le passé par opportunisme. Et la direction actuelle du PS représente, qu’on le veuille ou non, un cadre pour organiser les débats nécessaires. Pourquoi vouloir virer tout le monde et mettre en place une organisation collégiale ? Quel intérêt ? Alors que l’on sait très bien que si l’on change de direction ce sont les appétits personnels qui vont s’aiguiser plus que le débat d’idées ? Et avec qui cette direction collégiale ? On nous dit qu’il ne faut plus de proportionnelle au sein de la direction du PS, mais en même temps on ne nous dit rien sur ce que devrait être cette nouvelle direction : on fait comment, on tire au sort, on prend les potes à Ségo, on fait un casting, on prend que les gens de NPS et RM (vu qu'on nous dit qu'on peut pas continuer avec ceux qui sont restés immobiles) ? C’est une vaste blague cette histoire de direction collégiale, surtout quand personne n’est capable d’expliquer sur quelle base on la met en place !

Bref, tout ça pour dire que le voie de la refondation ne pourra s’emprunter qu’en naviguant sûrement mais sans précipitation, en maintenant notre cap avec détermination, sans s’arrêter en chemin, et en laissant derrière nous ceux qui voudraient le statu quo. Et sans nommer avec une certaine facilité les boucs émissaires sans avoir fait chacun notre auto-critique. Je crains, au regard de ce qui se passe à l’heure actuelle, que ceux-là mêmes qui prônent la fin des écuries n’en fassent eux-même partie, les attitudes du moment le prouvent. Et les prises de position des uns et des autres sont malheureusement plus souvent le fait de postures pro-candidat(e) que le fruit d’une soif de réflexion idéologique profonde. Gageons que nous saurons dépasser ces luttes vaines et créer ensemble les conditions d’un renouveau durable de la gauche, au delà même des personnes qui seront amenées à la représenter dans les prochaines années.

19 juin 2007

Sociologie de la rénovation de la gauche

Article de Jean-Louis Andréani, Le Monde du 20 juin

Qu'est-ce que la social-démocratie ? Cette vieille question est de nouveau posée par les débats sur la "rénovation" du Parti socialiste. Le même mot recouvre, en effet, des réalités différentes, voire antagonistes, chez ceux qui évoquent l'impératif sociologique d'un parti ancré dans l'électorat populaire et chez les tenants, comme Ségolène Royal, d'une "modernisation" tournée vers le centre.

Le terme de social-démocratie est ambigu et peut-être inadapté au débat français, puisqu'il manque ici un élément central, un syndicalisme fort, et que, au demeurant, la social-démocratie européenne n'est elle-même pas exempte de remises en question. Pour faire simple, la social-démocratie vise à transformer le système capitaliste de l'intérieur plutôt que de tenter de le faire exploser par une révolution violente. Au-delà, il est évident que l'actuel PS français répond déjà à certains des critères d'un parti social-démocrate : référence aux valeurs humanistes, respect de la démocratie et de l'économie de marché, pourvu qu'elle soit "sociale"... Comme le souligne Henri Weber, l'un des lieutenants de Laurent Fabius (Le Monde du 9 mai), le PS s'assume "depuis longtemps comme un parti réformiste".

En fait, l'évolution, souvent présentée de manière rapide, voire abusive, comme la marque indéniable d'une "social-démocratisation" du PS, serait un glissement idéologique qui ouvrirait la voie à une alliance avec le centre. Depuis le choix stratégique de l'union de la gauche imposé par François Mitterrand au congrès historique d'Epinay en 1971, des pressions se sont exercées à intervalles réguliers, à l'intérieur comme à l'extérieur du PS, pour contester ce choix, à partir de la convergence de deux logiques : l'une politique - le refus de l'alliance avec les communistes -, l'autre sociologique. La seconde était fondée sur l'idée que la modernisation de l'économie et de la société conduirait inéluctablement à une réduction, voire une disparition de la classe ouvrière, et à l'émergence d'une grande classe moyenne. Soucieuse de continuer à améliorer son niveau de vie et son insertion sociale, celle-ci aurait un comportement électoral plus modéré, donc proche du centrisme.

Ce soubassement sociologique, conçu dans les années 1970, s'est pour le moins effrité depuis. Le dernier "vrai" recensement de l'Insee de 1999 (les suivants ont été effectués par sondages) a jeté à bas l'édifice intellectuel construit autour de l'idée d'une inéluctable hégémonie idéologique, sociale et politique, d'une classe moyenne "centrophile". En réalité, la population active se compose toujours, pour plus de la moitié, d'ouvriers et maintenant d'employés aux conditions de rémunération, voire de vie, devenues souvent proches.

Non seulement l'électorat populaire n'a donc pas disparu, mais les classes moyennes, au lieu de s'en détacher, semblent s'en être rapprochées. Cette fois, ce sont deux élections, le séisme du 21 avril 2002 puis le référendum européen de 2005, qui ont servi de révélateurs en montrant que le malaise des couches populaires gagnait peu à peu les classes moyennes. Pour les premières comme pour les secondes, la panne persistante de "l'ascenseur social" a réduit à néant un modèle républicain qui nourrissait l'espoir d'une génération à l'autre. Et les classes moyennes viennent maintenant grossir le cortège des populations chassées très loin des centres-villes par la hausse des prix de l'immobilier. Enfin, l'obsolescence, face à un capitalisme de plus en plus cynique, du modèle du cadre attaché corps et âme à son entreprise a ancré l'idée d'une coupure entre une super-élite financière et le reste du monde du travail.

Dans ce contexte, l'élection présidentielle a confirmé une leçon du 21 avril 2002 : sans soutien de l'électorat populaire, il est difficile aujourd'hui de remporter une élection majeure. Nicolas Sarkozy l'a bien compris. Il a tenu un discours qui lui a permis de s'assurer une part significative de ce vote à la présidentielle, puis la neutralité bienveillante de nombreux électeurs populaires au premier tour des élections législatives, jusqu'à ce que les premières mesures du gouvernement provoquent leur réveil partiel au second tour.

QUÊTE DU GRAAL

A moins que le PS ne renonce à s'appuyer sur ces couches sociales, ce qui serait un paradoxe risqué, son défi principal est donc une nouvelle fois la reconquête de l'électorat populaire, qui fait de plus en plus figure de véritable quête du Graal tant, d'une présidentielle à l'autre, il s'en montre incapable, le vote pour la droite sarkozyste succédant à Jean-Marie Le Pen dans ces catégories. De ce point de vue, les socialistes ne peuvent pas ignorer que M. Sarkozy a réussi son opération de séduction en édulcorant son discours de "rupture" libérale pour y réinjecter l'action protectrice et régulatrice de l'Etat. Au point de prôner, au final, une ligne moins libérale que celle de M. Bayrou.

A l'inverse, les anciens hauts fonctionnaires de gauche regroupés sous le pseudonyme des "Gracques", fer de lance de la promotion du rapprochement avec le centre pour la présidentielle - et dont Jean-Pierre Jouyet était l'un des initiateurs -, adhéraient pour l'essentiel à la démarche économique de ce dernier. Ainsi, entre les deux tours, sous le titre "le moment social-démocrate", les "Gracques" expliquaient (Nouvel Observateur daté 10 au 16 mai) que, pour passer une alliance avec M. Bayrou, il fallait "bâtir un compromis sur le terrain de la politique économique" et que c'était bien "au PS d'accomplir l'essentiel du chemin".

Quel que soit son choix, le PS est condamné à élargir son emprise face à des alliés traditionnels ou plus récents (Verts) dont le poids électoral fond comme neige au soleil. Les socialistes se retrouvent, près de trente ans après - mais dans des conditions plus difficiles puisqu'ils sont sur une pente descendante -, confrontés au même débat que celui qui avait eu lieu entre François Mitterrand et Michel Rocard à la fin des années 1970 : faut-il d'abord "rassembler son camp" pour créer une dynamique puissante et un appel d'air électoral ? Ou vaut-il mieux s'ouvrir de façon volontariste à des familles politiques jusque-là tenues en lisière ?

Au demeurant, focaliser la réflexion sur les alliances pourrait laisser de côté l'essentiel : le PS connaîtra de nouveaux succès non parce qu'il aura fait, ou pas, alliance avec le centre, mais parce qu'il aura convaincu la plus grande partie de l'électorat qu'il est de nouveau capable d'améliorer ses conditions de vie, d'influer sur le cours des choses, de faire bouger le pays, en lui redonnant une espérance. Sinon, il ne sortira pas de la spirale du déclin. Au risque de connaître le même sort que la vieille SFIO morte à la fin des années 1960, victime des compromissions entraînées, sous la IVe République, par... son alliance au centre.

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18 juin 2007

Chronique d'un tsunami (trop vite) annoncé

Michèle Delaunay. Elle s’appelle Michèle Delaunay :-) . Tout un symbole que la défaite d’Alain Juppé hier, révélatrice d’une droite qui, si elle a gagné ces élections législatives, n’en est pas moins ressortie moribonde de ce deuxième tour pourtant annoncé comme tsunamique et qui au final s’est résumé à une vaguelette bien pâle, avec 40 sièges en moins pour la droite par rapport à 2002.

Alors oui, quelque part, il y a sans doute une forme de désaveu, non pas du gouvernement en tant que tel ni de Nicolas Sarkozy (du moins il est encore trop tôt pour l’affirmer), mais plutôt à l’encontre de la TVA sociale, mesure dont l’annonce a permis aux citoyens d’ouvrir les yeux sur l’illusion du « travailler plus pour gagner plus » et sur la fiction de la relance du pouvoir d’achat. Certes, c’est sans doute plus la démobilisation de l’électorat qui avait voté au premier tour pour la droite que la remobilisation des électeurs de gauche qui a joué, l’abstention ayant atteint un niveau record, mais il y aura tout de même des enseignements à tirer de ce scrutin.

D’abord le fait qu’on ne peut pas faire passer tout et n’importe quoi et faire prendre les vessies du libéralisme le plus dogmatique et idéologique (franchise sur les soins, TVA « sociale », bouclier fiscal) pour les lanternes de l’amélioration de la protection sociale et de la situation des plus démunis. Ensuite le fait qu’il reste des gens qui croient encore (un peu) à la gauche. Pas assez, c’est le moins qu’on puisse dire, mais tout de même, c’est un signe qui doit nous encourager. Quand il s’agit de s’opposer à une mesure du gouvernement, les citoyens choisissent encore d’élire des députés socialistes, même si le niveau d’abstention doit profondément nous alerter et nous interroger. Enfin, et c’est sans doute cela le plus important, il s’agira dans les semaines qui viennent de ne pas ce reposer sur ces lauriers qui pourront vite se fâner rapidement si la gauche n’est pas en mesure de se refonder réellement. Plus que jamais, la refondation de toute la gauche est indispensable, plus que jamais le débat d’idées et la capacité à formuler une orientation politique claire seront nécessaires, plus que jamais le renouvellement générationnel devra avoir lieu, tout en sachant ne pas tomber dans l’excès inverse qui amène à considérer toute jeune pousse comme quelqu’un de génial, indépendamment du fond idéologique qu’elle porte et qui peut s’avérer être une impasse pour la gauche (moi je pense à Manuel Valls en disant cela ? Nooon…bon d’accord, mais pas très fort alors).

Petit mot quant à nos partenaires de gauche, et d’abord une immense satisfaction locale, puisque l’union de la gauche a parlé et a permis d’élire en Loire-Atlantique le député Vert François de Rugy contre vents et marées et en l’absence de tout accord national entre les Verts et le PS, accord qui a finalement été trouvé localement et qui a porté ses fruits. Cette victoire est quelque part révélatrice du fait que la dynamique créée par une candidature unique de la gauche peut être réelle et aboutir à une victoire qui n’était à vrai dire que peu escomptée il y a quelques jours. Pour ce qui est du PC, il n’est pas aussi enterré qu’on le prédisait, et a prouvé avec l’élection de 15 députés qu’il aura encore un rôle à jouer, rôle qui passera nécessairement par sa rénovation profonde tant ce parti est vieillissant et à chaque élection plus fragile qu’à la précedente. Toujours est-il qu’il faudra entamer un dialogue privilégié avec ces deux formations pour construire ensemble cette refondation de la gauche que nous appelons tous de nos vœux.

Enfin, pour terminer, sur le plan local, c’est 2 circonscriptions que la gauche a ravi a la droite dans le département, puisque Michel Ménard a été élu sur Nantes-Ancenis, ce qui porte à 6 sur 10 les circos détenues par la gauche, score qui nous ramène au niveau de 97. Le rapport de force est donc incontestablement en faveur de la gauche en Loire-Atlantique, espérons-le durablement.

Bon au final si on fait le bilan on a un tsunami bleu qui en une semaine s’est presque transformé en vague rose, un Juppé qui ne devrait plus tarder maintenant à prendre sa retraite politique, un gouvernement qui va devoir s’atteler (déjà) à un remaniement ministériel inattendu, et… Ségolène Royal qui quitte François Hollande. D’accord, on s’y attendait, d’accord on le savait déjà un peu, beaucoup. Mais le moment tombe franchement mal. Hier j’étais très énervé par cette révélation en plein milieu des résultats, il s’avère en fait que celle-ci serait lieu à une « fuite » à l’AFP. Tiens tiens je trouve qu’il serait intéressant de s’adresser à l’AFP pour savoir qui a trouvé un intérêt au sein de l’agence à balancer une dépêche éclipsant de fait le bon score de la gauche au législatives. Un geste on ne peut moins politique en tous cas, sous couvert d’une « bourde » ou d’une simple fuite. Etonnant non ?


Edit : Bon quand même, au delà du fait que l’info s’est diffusée plus vite que prévu, le planning prévisionnel (sortie de l’info aujourd’hui ou demain) ne choque personne ? Moi si. Après la défaite sévère annoncée de la gauche, annoncer la rupture avec Hollande le lendemain de cette défaite censée être cuisante relevait sans doute initialement à la fois de la reprise en main médiatique sur le plan personnel et de l’ultime coup sur la tête de Hollande pour bien l’enfoncer et lancer la course au leadership du PS. Plus que moyen comme attitude.

16 juin 2007

Trop regarder Julien Courbet nuit gravement à la santé démocratique

Petit message de dernière minute : je viens de tomber sur des extraits d'une réunion publique de Sylvie Noakovitch, candidate face à notre cher DSK, et estampillée "vue à la télé (j'ai d'ailleurs mis du temps à comprendre d'où venait sa célébrité, béotien que je suis qui ne regarde pas Sans aucun doute, et qui donc n'en avait jamais entendu parler, shame on me). Bon j'avais quand même eu des échos de ce qu'elle racontait, j'ai entendu des qualificatifs d'"hystérique", de "vulgaire". Eh bien non seulement ils ne sont pas usurpés mais c'est même faire preuve de beaucoup de mansuétude que de s'arrêter là.

Si vous voulez voir de quoi la droite est capable en matière de démagogie populiste, voici 2 liens ci-dessous vers les propos de l'envoyée spéciale de Julien Courbet en contrée Sarcelloise. Pour aller vite et vous faire une idée du personnage, le milieu de la première vidéo, où Mamadou qui a arrêté de boire grâce à Sylvie est exhibé en public tel un animal de foire, est assez représentatif. Le meilleur reste sans doute au début de la seconde partie, quand Sylvie prend à partie la salle : "Quelqu'un sait-il à quoi sert un député ?" Elle même a la réponse : tout simplement à faire du clientélisme : elle le dit quasiment tel quel, selon Sylvie Noachovitch un député sert à ramener des thunes pour aider sa circonscription (euh... ce n'est pas vraiment ça, Sylvie, "représentant de la nation", "vote et contrôle des lois", ça te dis quelque chose ?). Sa tâche est au final résumée assez simplement :"Pour moi, être députée, c'est un objectif proche de Dieu, j'ose le dire, parce que je pense qu'on est tous sur cette Terre parce qu'on a tous un objectif et un but. Nous sommes tous unis, on a tous un but dans la vie et une mission (...) La mienne, c'est de faire avancer les chose et faire que les gens ne souffrent plus. Si chacun avait l'énergie que j'ai pour éviter la souffrance je vous promet que plus personne ne souffrirai en France." De toute façon elle a sûrement raison, puisque comme elle le dit si bien "A la télévision, on ne peut pas tromper les gens pendant des années, on sait que je dis la vérité"

Franchement j'étais loin d'imaginer, même dans mes pires cauchemars, qu'une élection législative pouvait ressembler à ça. Inimaginable. Quelques soient les désaccord politiques que je peux avoir avec DSK, sa victoire est tout à fait indispensable face à cette néo-poujadiste, dont l'élection serait une humiliation pour la Répulique.

Bon en attendant localement avec François Pinte, d'après quelques échos glanés ici ou là, on n'a pas beaucoup mieux. Mobilisons nous dimanche pour faire gagner Marie-Françoise Clergeau, l'Assemblée en aura besoin !

Réunion Garges les Gonesses partie 1
Réunion Garges les Gonesses partie 2

13 juin 2007

La TVA antisociale est lancée

Ah y est, c'est fait, Fillon l'annoncé hier : une augmentation de la TVA (qualifiée de sociale d'abord, de "anti-délocalisation" ensuite, rien n'est trop beau pour mieux faire passer la pilule) est envisagée à l'horizon de 2009. Pas grand chose à rajouter sur ce sujet, j'avais déjà laissé des commentaires il y a quelques temps (ici sur la baisse des charges en général, et ici sur la TVA sociale en particulier), et l'Ilot des pingouins analyse cette proposition ici aussi. Y a de quoi faire.

En tous cas, il en faudra des réponses et de la pédagogie face à la démagogie de la droite. Car finalement, quels vont être les débats au cours des prochains mois sur cette question ? D'abord celui du financement de la protection sociale. Non, les salariés et les consommateurs ne peuvent supporter à eux seuls l'intégralité du financement de la solidarité nationale. Oui, les entreprises ont aussi une part de responsabilité dont elles ne peuvent être exonérées, surtout si c'est pour faire porter le poids de la protection sociale sur les plus modestes en augmentant la TVA.

Alors on nous dit : "Oui, mais le coût du travail est trop élevé en France", tout ça tout ça. Rien de plus faux. Je rappelle, encore une fois, les chiffres du coût du travail, mais également ceux du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) qui relève qu'en 2005 le coût du travail en France est comparable à celui des autres pays européens, ou encore ceux du Bureau of Labor Satistics (BLS) qui montre qu'entre 1994 et 2004 le coût du travail est reté le même aux Etats-Unis qu'en France, et inférieur de 40 % à celui de l'Allemagne. Bref. Tout cela pour dire que face aux idées reçues qui autorisent tous les raccourcis et toutes les fausses bonnes propositions, il va falloir s'armer d'une patience et d'un courage à toute épreuve pour déjouer les mensonges auxquels veut nous faire croire le gouvernement.

12 juin 2007

François Pinte invente "l'abstention positive"

C’est nouveau, ça vient de sortir. François Pinte, candidat sur la 2ème circonscription de Loire-Atlantique et potentiel futur candidat à la mairie de Nantes, a commenté de la sorte la forte abstention dans les quartiers populaires : « Une abstention positive pour donner sa chance au gouvernement ». Incroyable. On croyaient qu’ils avaient tout dit, tout fait en matière d’arrogance, mais alors celle-là je crois que personne n’avait osé. Maintenant ceux qui ne votent pas soutiennent le gouvernement ! Finalement, pour la droite l’abstention n’est pas un problème puisque selon eux si les citoyens ne votent pas c’est qu’ils sont d’accord avec ce que fait la droite. Et bientôt ils vont sûrement nous justifier leur écrasante majorité à l’assemblée par une simple addition : 55 % de votants UMP + 30 % d’abstention = 85 % de députés. Logique. Si avec ce gouverment même l’abstention est de droite, on n’a pas fini de batailler.

11 juin 2007

La Bayrou de secours, quelle utilité ?

Au lendemain des législatives, peu de choses à rajouter sur ce qui a été dit un peu partout, si ce n’est que c’est pas la fête mais qu’on s’y attendait, et qu’au final la débâcle semblable à 93 que certains à droite espéraient n’a pas eu lieu, celle-ci étant davantage à rechercher du côté de l’abstention, en particulier dans les quartiers populaires. Au vu du suspense qui existe dans beaucoup de circonscriptions, une analyse plus poussée de ces élections devra attendre dimanche prochain et il faudra recommencer à se battre dès aujourd’hui, car 60 ou 185 sièges ce n’est pas la même chose.

En attendant, juste une chose : il va falloir qu’on m’explique à quoi ça sert d’aller quémander auprès de Bayrou un hypothétique soutien qu’il n’accordera pas de toute façon (de manière nationale j’entends, pas sur le plan local où des accords seront sans doute trouvés). Je l’entends déjà parler de désistements au cas par cas, qu’il n’est pas dans une logique où il faut sans cesse se plier à la règle du clivage gauche droite et toujours choisir entre l’un ou l’autre, que le Modem ne sera pas à la remorque du PS, etc… Ce sont les électeurs de Bayrou qu’il faut conquérir, pas Bayrou lui-même ! Alors quelle est l’utilité de cette stratégie à la con que d’aller systématiquement faire la manche au grand manitou du Modem sans en recueillir aucun bénéfice électoral ? Oui, il faudra parler, surtout dans les circonscriptions où le Modem joue un rôle d’arbitre, de nos points de convergence, de l’équilibre des pouvoirs, de la démocratie. Mais en s’adressant d’abord et avant tout aux électeurs, pas sur un coin de table avec Bayrou. Parce qu’au final une discussion qui n’aboutit pas fait sans doute plus de mal qu’un appel clair aux électeurs sur un certain nombre de valeurs. Alors si c’est ça la future stratégie d’alliances du PS, rechercher sans cesse des accords sans jamais réussir à les obtenir, c’est inquiétant. D’autant plus que je remarque que dans quelques circonscriptions de la région parisienne c’est aussi le bon report des voix du PC et des Verts qui sera déterminant, et ça me paraît difficile et irresponsable de les laisser totalement de côté.

Maintenant au delà de la morosité ambiante, des satisfactions existent, des combats serrés vont être menés, des espoirs ne pourront être déçus : à nous de nous battre dans la semaine qui vient pour mobiliser les électeurs, en particulier ceux qui souffriront le plus de la politique de Sarkozy, pour faire élire des députés socialistes en capacité de constituer une rélle force d’opposition et de proposition face à la droite dure qui se profile à l’horizon.

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Le blog de Thibault, militant socialiste
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