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Le blog de Thibault, militant socialiste
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20 juillet 2007

La gauche du renoncement est en marche

Puisque l’heure était dernièrement aux déclarations, contre-déclarations, réactions, réponses etc… à la participation possible de Jack Lang à une commission sur la rénovation des institutions (et puisque le moment est également propice aux discours renouvellementesques qui relèvent souvent plus de jeunisme qu’autre chose), observons ce que nous a dit le week-end dernier Manuel Valls, archétype de cette gauche qui érige le renoncement en modèle, la résignation en mode de vie et le suivisme électoral comme boussole quasi-intangible (à ce sujet j’avais écris ce post il y a quelque temps). Pas besoin d’avoir plus de soixante ans pour faire partie de l’ancienne génération, celle qui a mes yeux semble avoir renoncé définitivement à changer les choses en profondeur. Bref, revenons-en à ce que nous dit notre cher député que j’adore :

"Jack Lang a été d'une loyauté exemplaire ces derniers mois. Il réfléchit par ailleurs beaucoup depuis longtemps sur la question des institutions" (…). La loi fondamentale, la Constitution, ce qui fait fonctionner une démocratie, ça devrait dépasser tous les clivages politiques. (…) Je me réjouis que Nicolas Sarkozy mette en place cette commission au début (de son) mandat. (…) Que cette commission travaille. J'espère qu'elle sera audacieuse (...) et ensuite l'Assemblée nationale et le Sénat devront changer la Constitution".

Effectivement, Jack Lang réfléchit beaucoup sur les institutions. Il y a même tellement réfléchi qu’il en est devenu le seul à défendre une présidentialisation accrue du régime. Et Arnaud Montebourg par exemple, s’il faut citer des noms de personnes qui ont beaucoup réfléchi à la question ? Ah non ça compte pas, ça rentre pas dans les petits plans à Sarko sur la mise en place d’un régime primo-ministériel avec des pouvoirs parlementaires réellement accrus. Mais au delà de ça, puisque tu soulignes cher Manuel que cette réforme devrait transcender les clivages politiques, pourquoi Sarkozy n’a pas demandé au PS de désigner un représentant ? Pourquoi devrions-nous lui laisser le soin de désigner lui-même les personnes qui sont d’accord avec lui en prétendant qu’il s’agit d’ouverture ? Pourquoi cette discussion et l’organisation de cette commission n’ont elle pas lieu dans le cadre de l’Assemblée Nationale, lieu pourtant le plus propice à de tels débats ?

Oui, il était temps de rappeler un certain nombre de choses. Que ce n’est pas parce qu’une commission soi-disant « ouverte » se met en place qu’elle ne doit pas faire l’objet de critiques de notre part quant au leurre qu’elle représente. C’est justement parce qu’un tel débat est important qu’il était nécessaire de rappeler que l’ensemble des partis auraient dus être consultés et pouvoir choisir leurs représentants, dans ce souci justement de dépasser les clivages politiques, qu’il était important de souligner que de tels débats ne peuvent avoir lieu sur un coin de table, mais bel et bien au grand jour sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Et quand Jack Lang évoque l’idée de participer à cette commission sans même émettre la moindre réserve quant à son fonctionnement, eh bien oui cela est réellement problématique pour la famille socialiste.

Et face à tout cela que trouve à dire Manuel Valls ? Qu’il est content que cette commission soit mise en place, qu’on fait un mauvais procès à Jack Lang, et qu’on est sectaires ! Mais c’est hallucinant tout ça, on a plus le droit d’émettre des critiques tout à fait légitimes sans recevoir des coups de notre propre camp ? C’est ça la « modernité », le « dépoussiérage » ? Super… Et allons même plus loin : j’entends beaucoup Valls nous donner des leçons de critique constructive, nous dire de ne pas diaboliser Sarkozy, selon lui ce serait la voie à suivre pour s’opposer efficacement. Certes. Mais a-t-on entendu depuis 1 mois ne serait-ce qu’UNE seule critique de sa part envers la politique gouvernementale ? Pas moi, en tous cas. C’est sans doute ça, la nouvelle opposition : dire tout le bien qu’on pense de la politique de Sarko sous prétexte de ne pas le diaboliser, parce que sinon on est sectaires. Ce qui est bien en tenant ce discours, c’est qu’on renforce l’idée que nous le sommes réellement à la moindre réaction négative de notre part. Que la droite nous nie le droit de nous opposer à sa politique, c’est de bonne guerre, mais que ce soit des socialistes qui prétendent être les fers de lance de la rénovation, c’est tout simplement écoeurant.

Après l’instauration de la loi de l’offre et de la demande en politique, Manuel Valls invente la gauche béni-oui-oui, qui s’oppose pas trop parce que ça fait pas classe, et qui propose des trucs un peu de gauche un peu de droite parce que ça plaît au gens. Avec ça, on est bien avancés.

Edit : Olivier Duhamel parle aujourd’hui de sectarisme à l’égard du PS, au nom du dépassement des clivages politiques. Encore une fois, en choisissant Jack Lang ou Olivier Duhamel, Sarkozy ne fait pas preuve d’ouverture, il prend simplement des personnes estampillées (le mot convient bien je trouve) « de gauche » et qui sont presque les seules à être en accord avec sa conception des institutions. Facile non ? Habile, en tous cas.

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Commentaires
S
Je pensais à toutes les minorités en disant cela (à SDJ aussi ils se posent des questions).<br /> <br /> Mais nous sommes globalement d'accord sur nos désaccords :)
T
Pour clore le chapitre TO (vu le ton de ton argumentaire je ne doute pas que tu m'aies réservé la version ultra-soft :-), je partage en partie ton point de vue, et je pense aussi que malgré ses défauts le texte d'il y a 2 ans était meilleur. Là les impasses se voient beaucoup plus et les généralités aussi. Sans ajouter grand chose de nouveau. <br /> Pour les amendements je vous souhaite bien du courage, parce qu'en dehors de quelques inexactitudes à corriger, pour amender il faudrait écrire des paragraphes entiers, ce qui revient à dire que le TO (hors résos) est au final difficilement amendable, c'est sans doute son principal défaut.<br /> <br /> Et pour clore le chapitre auto-critique déjà bien rempli, je trouve qu'avec le slogan à la mode "Droit d'inventaire, devoir d'inventer"(que je trouve très juste mais qui n'est pour l'instant qu'un slogan), on aurait pu commencer ça avec le TO, et il n'y a ni l'un ni l'autre. <br /> <br /> P.S. : tu te demandes "si ce n'est pas fait exprès pour [vous] pousser à aller au texte seuls". C'est peut être donner beaucoup d'importance aux JSR...
S
Salut Thibault<br /> <br /> Première réponse à ton commentaire : si je t'ai lancé sur le TO sans mettre mon point de vue, c'est parce que je ne voulais pas que yu te lance dans une contre arguimentation à la mienne, mais ton point de vue indépendant du mien.<br /> <br /> Mon analyse du TO : oui les résolutions disent plus de choses, je reviendrais sur les manques après.<br /> <br /> Primo, l'analyse du texte semble faire défaut : commencer le texte sans intro ni retour sur ce qui vient de se passer me semble être légèrement gênant : comment tirer des leçons sans faire d'inventaire ?<br /> <br /> En second lieu, ce texte d'orientation me semble passer par un certain nombre de figures imposées : droit à l'avenir, bataille culturelle, répartition capital-travail ... dont les termes sont insuffisamment définis, et je ne parle pas de la louche qui nous est mise sur l'intérêt général sans qu'à un quelconque moment, il soit question de le définir. Ce qui pose problème. Jer ne reviendraios pas sur certaines formulations hasardeuses (je ne crois pas qu'il y ait une guerre des générations ou que les "vieux" cherchent consciemment à spolier les "jeunes", l'analyse du "nouveau" capitalisme laisserait sous entendre que l' "ancien" était plus "gentil" ce qui pour moi est une erreur ...) ou fausse (il n'y a pas 3 millions de pauvres en France, il y en a 7, et j'aimerai que l'on me démontre que la jeunesse n'est pas qu'un mot). Il y a de gros manques sur l'europe (jamais ou quasiment présent dans le TO), les banlieues (une seule évocation des "quartiers populaires") ... Quand au passage sur les nouvelles technologique, il fait peur : la technologie, c'est aussi l'amélioration des conditions de vie, l'hygièène, la santé, l'information ... et pas seulement les OGM, le fichage génétique et la vidéosurveillance. Et pour le passage sur la propriété, même s'il est intéressant de revenir sur la propriété socialisée, ce n'est pas une thématique nouvelle et le texte ne dit pas grand chose de clair dessus ...<br /> <br /> A vrai dire, avec des amis (je ne parle pas que de JSR, des amis de SDJ, ou des peillonistes aussi), on se demande par quel morceau commencer pour amender, et moi, en m'y mettant systématiquement, j'en suis à 15 amendements pour les 50 premières lignes ...<br /> <br /> Sur les résolution : la VIe République et le parlementarisme que nous appelons de nos voeux (je parle de RM) ce n'est pas une dictature d'assemblée, mais une répartition équilibrée des pouvoirs. On ne peut mettre en cause les pouvoirs "indépendant" comme c'est le cas dans le texte, et mettre en place un CSJ omnipotent et sans contrôle (qui de plus est une belle machine à gaz). Sur l'enseignement supérieur, trop axé sur l'université pour que je sois convaincu. enfin, j'en passe, ce serait trop long ...<br /> <br /> Franchement, je sais que la critique est mieux prise si elle est constructive, mais je me demande si ce n'est pas fait exprès pour nous pousser à aller au texte seuls ...<br /> <br /> PS : Je pense qu'un texte peut être court (même si 10 pages, ça l'est peut être trop). Bien sur qu'il y a nécessairement des simplification. Il se trouve que celui de Paris qui n'était pas parfait était plus pertinent à mon goût. Après, faire court et percutant pourquoi pas ? Mais ce n'est souvent qu'une suite de constat même pas faux mais ce qui ne signifie pas qu'ils soient vrais ...<br /> <br /> PS2 : J'ai réservé mon analyse caustique à mes camarades de JSR.
T
Salut Simon.<br /> <br /> A peine rentré de vacances, je m’aperçois que la blogosphère anti-TAG dont tu es le digne représentant fourmille à tout-va et que tu t’es même fait brûler la politesse dans le degré de vitupération envers la majo du MJS par un nouveau venu :-). Dingue ! Il s’en passe des choses pendant l’été… En attendant si certains ne peuvent plus partir en vacances faute d’avoir sinon suffisamment de temps pour formuler leurs critiques, il est effectivement plus que temps que la rénovation du MJS batte son plein !<br /> <br /> Bon plus sérieusement, revenons-en au TO. En mauvais militant occupé par un stage et des vacances au soleil (non je plaisante), jusqu’à hier je n’avais pas encore lu le texte d’orientation. Pas bien. Depuis j’ai eu le temps de le parcourir vite fait, mais vu sa taille on peut raisonnablement dire que je l’ai lu. J’avoue cependant avoir du mal à répondre à ton message : en général j’aime bien les critiques construites et argumentées (oui je sais tu vas me dire que ce texte n’en mérite pas), qui aillent un peu plus loin que l’anathème de « ramassis de sornettes ». Tout simplement parce que les textes que je trouve nuls, c’est (presque) toujours en raison de désaccords sur le fond, et je les critique rarement en disant que c’est que c’est de la connerie en boîte. Et j’avoue que ça m’énerve un peu ce genre d’accusation générales qui vont pas très loin et qui ne font avancer aucun débat. Tu ne m’en voudras donc pas si ma réponse n’est pas très précise vu que quand même là tu m’aides pas beaucoup à en faire une. Maintenant si t’as envie de débattre sur des points particuliers du texte y a pas de problème, ce sera sûrement plus constructif.<br /> <br /> Alors quelle était la question déjà ? Ah oui, comment on peut défendre un tel texte. J’avoue avoir été surpris par la longueur du texte et sa succinctitude. 14 pages, c’est court. En même temps il suffit d’un éphémère passage de quelques mois dans les instances nationales pour se rendre compte que la question d’un « texte plus court » revient sur le tapis à chaque discussion au sujet du TO, sans qu’on arrive jamais à faire moins de 50 pages. C’est donc plutôt une bonne chose à mon avis qu’on ait enlevé une partie du contenu strictement propositionnel un peu fourre-tout que personne ne lit jamais pour se recentrer sur un débat autour des valeurs. De temps en temps, je trouve que ça fait du bien. <br /> Sur le fond, j’ai l’impression d’être à peu près en accord avec une bonne partie du texte (quoique en le lisant plus attentivement j’aurai peut-être des mauvaises surprises). Je vais pas détailler, je le ferai quand j’aurai en face des remarques sur le fond auxquelles je pourrai répondre, et quand je l’aurai un peu mieux lu, ça m’évitera de dire des conneries.<br /> <br /> Bon maintenant ce que je lui reproche. D’abord le fait que vu qu’il est court et général, forcément y a des passages un peu grandiloquents et consensuels, pour ne pas dire convenus, même si certains sujets abordés son sujets à polémique (ça m’étonnerait beaucoup par exemple que tout le monde soit d’accord avec le paragraphe sur notre rapport au marché, ou celui sur de nouvelles propriétés socialisées). Et du moment que ça fait débat, c’est le plus important. En attendant, si je me retrouve à peu près dans ce qui est écrit, j’ai du mal à me retrouver dans ce qui ne l’est pas, un peu comme d’habitude : l’éducation est peu abordée, la culture encore moins (ça devient habituel il me semble depuis que je suis arrivé au MJS aucun paragraphe du TO avant amendements n’a jamais été rédigé sur la culture, ni peut être même 3 lignes).<br /> Deuxième chose, les titres. D’habitude c’est quelque chose dont je me fous totalement, mais là… « notre droit à l’avenir est menacé », ou encore « notre modèle : le socialisme démocratique », c’est un peu abuser (si j’ai bonne mémoire je crois qu’il y avait un paragraphe il y a deux ans qui s’intitulait « notre modèle de développement : le socialisme démocratique »). Le « devoir d’inventer » s’appliquera aussi aux intitulés j’espère.<br /> Troisième reproche, ce genre de texte centré sur un certain nombre de grandes valeurs est au final inamendable en tant que tel, ce qui enlève l’intérêt même du TO. Quoiqu’on pense de cette manière de faire, la phase d’amendement a toujours été, dans ma fédé en tous cas, un moment d’enrichissement pour les militants, de débat d’idées et de vraies discussions sur le fond. Et là, ou bien on est d’accord avec l’idée générale, ou bien on présente un autre texte, mais difficile d’amender quand il n’y a pas réellement de propositions concrètes. Ce qui n’enlève rien au fait que les amendements porteront sur les résolutions qui sont quant à elles beaucoup plus fournies, mais à ce moment là autant soumettre uniquement des résolutions aux amendements des militants. <br /> <br /> Voilà pour les critiques. J’ai toujours été partisan d’un texte plus court, qui ne fasse pas 50 pages. Je suis servi, mais tu sais comment c’est quand on a ce qu’on veut on est jamais content. Parce que vu que quand on passe de 50 pages à 14 on arrive à des phrases du style « nous sommes pour la paix dans le monde », ça donne envie de revenir à un texte plus long. Je pense quand même qu’il fallait le faire un jour, depuis le temps que tout le monde gueulait à ce sujet. Même si au final le résultat est à la fois plus que mitigé et redondant par rapport aux précédents TO. Reste à savoir si la redondance n’est pas parfois nécessaire, tant on nous répète que les socialistes n’ont pas tranché un certain nombre de grandes questions, bla bla bli bla bla bla. <br /> <br /> Donc si tu veux mon avis résumé en 1 phrase : un texte court est un échec flagrant, mais il fallait essayer.<br /> <br /> <br /> Edit : je viens de lire vite fait quelques résolutions, elles sont loin d’être inintéressantes, et en tous cas largement plus dignes d’intérêt que le TO.
S
Salut thibault. Je suppose que tu as lu le TO. Tu es un mec intelligent. Comment peut on pondre un tel ramassi de sornette, et le soutenir ? J'aimerai savoir.
Le blog de Thibault, militant socialiste
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